vendredi 20 janvier 2012

Une autre mer pour nos enfants ...

 Nous disposons en France d’un atout qui me parait bien mal exploité. Une source d'opportunités dont peu de pays d'Europe peuvent se targuer ... la mer ... L'espace maritime français est le deuxième plus important au monde et nous permet d'accéder à une grande partie des océans du globe qui, rappelons-le, ne voient passer pas moins de 95% des échanges commerciaux mondiaux ! Et pourtant, les métiers liés à la mer ne concernent directement que 312 000 français générant un chiffre d'affaires d'environ 54 milliards d'euros. La mer est source de nombre de nos ressources énergétiques (près de 40% du pétrole et du gaz est d'origine maritime) et alimentaires, mais elle est également source d'un certain nombre de conflits qui résultent de visions et d'actes soit trop protectionnistes et corporatistes, soit trop ambitieux et destructeurs. Des conflits d'intérêt entre les voies d'approvisionnements maritimes et terrestres, des conflits d'usage entre pêcheurs et exploitants pétroliers ou autres exploitants d'énergies, ou des conflits économiques entre différents pôles portuaires n'ont cessé ces dernières années de freiner le développement des avantages que nous serions pourtant en droit d'attendre de notre ouverture maritime.
Il existe pourtant une quantité impressionnante de projets liés à la mer qui, lorsqu'ils aboutiront, nous permettront de changer, radicalement pour les uns, plus modérément pour les autres, nos modes de vie. J'en ai personnellement remarqué quelques uns que je vous livre ici :

Systèmes de récupération de l'énergie des vagues
Le Conseil Mondial de l’Energie estime que la puissance énergétique de la ressource brute en eaux profondes (supérieures à 100 mètres), se situe entre 1 et 10 TW. Le potentiel énergétique exploitable varie entre 140-750TWh/an (nous avons consommé en 2010 en France 490 TWh d'électricité) dans l’état d'efficacité des systèmes actuels en cours de développement. En France métropolitaine, ce potentiel d’énergie 
récupérable pourrait s’élever jusqu’à 10% de notre consommation actuelle d’électricité soit environ 45 à 50 TWh/an. 
Cependant, l'avancée de telles technologies est encore freinée par le coût des investissements nécessaires, la fiabilité de ces systèmes sur de longues durées de vie et leur coût de maintenance.

Récupération de l'énergie thermique des mers tropicales
Cette ressource est continue, les systèmes de production sont potentiellement stables et les impacts environnementaux a priori faibles. L’enjeu relève du faible rendement de production d’énergie (< 3 %) dû au faible gradient thermique des océans ; la cogénération de chaleur, de frigories, ou d’eau douce est une solution envisagée pour améliorer légèrement l’efficacité du système, mais elle induit des surcoûts d’investissement qu’il faut amortir, et des complexités en matière de maintenance. Des pilotes de quelques dizaines de kilowattheures électriques ont fonctionné et permis de définir les enjeux technologiques, mais il faudra concevoir des systèmes plus compacts pour réduire les coûts d’investissement, d’un facteur de l’ordre de 5 à 10.

Exploitation de l'énergie éolienne en haute mer
Sans doute le plus avancé des systèmes de récupération d'énergie non-fossiles, l'éolien offshore bute encore cependant sur des obstacles liés soit à leur manque de rentabilité actuelle par rapport aux productions d'énergie traditionnelles, soit à leur relative immaturité technologique. Il faut non seulement en démontrer le concept, mais aussi l’efficacité (le rendement de production d’électricité), la robustesse et la maintenabilité (de façon à en maîtriser les coûts d’opération) et la durée de vie jusqu’au démantèlement (de façon à amortir les installations). De tels développements reposent encore sur des programmes technologiques, portant sur la connaissance de la ressource, des matériaux, de la corrosion,  et de l’impact environnemental.

Inventer le navire du futur
Les récents engagements pris dans le cadre du Grenelle de la Mer prévoient :
  •  le lancement d’un programme de recherche pour concevoir le futur navire «économe, opérationnel, sûr, propre et intelligent» avec pour objectifs des gains de 50 % de la consommation d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre,
  • le développement des énergies renouvelables pour une réduction de 50% de l’impact environnemental concernant tout type de navire, et pour une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre par tonne débarquée à horizon 2015 pour les bateaux de pêche.

La France a une vocation à la fois maritime et industrielle. Forte de ses compétences reconnues dans les hautes technologies, la filière navale française avec ses 55 000 emplois présente une offre cohérente pour la conception, la fabrication et la maintenance des navires de demain et des grandes structures complexes flottantes avec leurs équipements embarqués. Le maintien de cette filière, qui comprend notamment un large tissu de PME particulièrement innovantes, constitue un enjeu national de première importance. Les deux Pôles de Compétitivité Mer Bretagne et Mer PACA ont élaboré, dans leur feuille de route stratégique validée par l'Etat en 2009, un programme relatif au « Navire du futur », qui demande de mobiliser en regard les outils de financement appropriés.
Le navire du futur, qu’il soit grand ou petit, qu’il transporte des charges ou des passagers, qu’il soit civil ou militaire, devra impérativement être économe, propre et sûr. C’est-à-dire qu’il devra être moins gourmand, moins polluant, et entraîner moins de risques.

    

Ces projets, et bien d'autres encore, me paraissent autant d'opportunités de faire en sorte que la France puisse redorer son blason en matière d'efficacité industrielle au service de la planète Mer Terre toute entière ...


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